Comment éviter les perturbateurs endocriniens ?

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Perturbateurs endocriniens, poison moderne par excellence, pourquoi font-ils si peur ?

D’abord parce que personne ne s’accorde sur le sujet.

L’Europe peine à trouver un consensus. Certains membres prônant le principe de précaution et les autres une législation moins catégorique.

Ensuite et peut être surtout parce que les perturbateurs endocriniens (PE) avancent sans qu’on ne les voit. Rien ne fait plus peur qu’un ennemi invisible, que l’on ne peut pas identifier. Les PE sont donc une famille de composés chimiques caractérisés uniquement par les effets qu’ils pourraient générer.

Sur la définition elle-même, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) s’est pourtant prononcée :

Une  substance ou un mélange exogène qui modifie la (des) fonction (s) du système endocrinien et, par conséquent, provoque des effets néfastes sur la santé dans un organisme intact ou sa progéniture ou (sous) populations ».

 Mais elle reste néanmoins floue aux yeux du grand public et le climat de peur s’amplifie parce que, l’on s’interroge sur où et comment nous risquons de les rencontrer dans la vie de tous les jours :

Dans les plastiques, dans les pesticides, dans les phytosanitaires sans doute, les photo oestrogènes comme le soja , le réverastrol mais on entend aussi dans l’eau ( !?), bref partout autour de nous.

La COSMETIQUE n’échappe bien évidemment pas à cette montée d’angoisse.

  • Produits cosmétiques dangereux : Un produit cosmétique présente-t-il un danger lié aux perturbateurs endocriniens ?

Dans l’intention NON. La notion d’intentionnalité est essentielle. L’utilisation de substance indésirable perturbatrice endocrinienne (et identifiée comme telle) et de toute substance dangereuse quel qu’elle soit dans un produit cosmétique prêt à la consommation est totalement interdite.

  • Cosmétiques sans produits dangereux : Un produit cosmétique peut-il être une source d’exposition aux perturbateurs endocriniens ?

La réponse la plus fondée se trouve dans la règlementation cosmétique européenne 1223/2009 :

La présence non intentionnelle d’une petite quantité d’une substance interdite, provenant d’impuretés issues d’ingrédients naturels ou synthétiques, du processus de fabrication, du stockage, de la migration de l’emballage, qui est techniquement inévitable dans de bonnes pratiques de fabrication, est permise à condition qu’elle soit conforme à l’article 3. »

Donc OUI, un produit cosmétique peut en théorie être vecteur des substances PE non intentionnellement introduites (Impuretés). Ces impuretés peuvent provenir des MP (Ingrédients), du process de fabrication ou du contact (migration) avec les matériaux de conditionnement, de stockage ou d’emballage.

Sur les impuretés issues d’ingrédients :

Depuis des décennies, la réglementation cosmétique européenne s’efforce à imposer des filtres a tamis de plus en plus fin, des méthodes de contrôle contraignantes, des screenings, des bonnes pratiques de fabrication selon l’ISO 22716 etc.. de sorte que la formule cosmétique soit de facto peu sujette à contenir des substances indésirables notoires (et parmi lesquelles des perturbateurs endocriniens) .

Dès lors que les substances indésirables désignées sont en amont interdites et contrôlées, l’autre source potentielle d’exposition des consommateurs aux substances indésirables PE réside dans la migration depuis les matériaux d’emballage et de conditionnement vers la formule cosmétique.

Là aussi, sur l’étude de l’impact du pack, deux attitudes s’opposent :

  • Soit attendre les résultats de travaux désespérément longs d’un « tas force » européenne pour obtenir un protocole d’évaluation qui s’approche de l’industrie agroalimentaire.

Elle même bien éloigné de nos réalités cosmétiques : qui va comparer des données de toxicité orale à de la toxicité dermique. Route différente, données métaboliques différentes et que penser du probable effet du microbiome ?

  • Soit se faire peur en cherchant à lister dans les « extractibles » toutes les substances présentes dans le matériau du pack ou presque. Là aussi très long tellement éloigné de la réalité d’exposition

Qu’en pensent les toxicologues ?

Loin de pouvoir affirmer la réelle implication des PE dans les désordres de santé observés, ils conviennent généralement que la présence d’une substance soupçonnée être PE dans un cosmétique ou autre formulation n ‘indique cependant pas que le risque PE existe, car la barrière cutanée est un obstacle à la pénétration des xénobiotiques.

Si les perturbateurs endocriniens pénètrent, ils sont pris en charge par les mécanismes de protection de l’organisme (conjugaison, métabolisation, excrétion) qui limitent ou inhibent leurs actions sur les cellules de l’organisme humain.

En l’absence d’informations précises, la difficulté du scientifique est de résister à des constructions intellectuelles par amalgame qui font passer de la « plausibilité » d’un effet PE à sa « probabilité », puis à sa « certitude » sans autres formes de preuves.

Le risque PE existe certainement, cependant sa prévalence dans les maladies observées chez les humains est discutable, comptes tenus des multiples interactions auxquelles l’organisme humain doit faire face au cours de sa vie.

S’Il n’existe pas de solution exhaustive qui répondra favorablement aux multiples questions que le consommateur se pose, on peut néanmoins avancer sur le sujet en dosant (dans le produit fini) des substance indésirables (telles que Phtalates, Adaptes, Alkylphenols, Perfluorés, Organophosphates, Citrates, Tosylamides, Bisphenols potentiellement induites par la mise en contact d’un vrac avec son conditionnement final permet de répondre au moins  à la question : le produit dans son pack va-t-il capter des molécules dangereuses voire PE ?

Personne ne détient une vérité universelle dans le domaine mais il convient donc de proposer et d’avancer et vice versa. Savoir c’est connaitre, connaitre c’est maitriser…